Dakar, 4 jan (APS) – La ‘’vraie agression de la démocratie’’ est la ‘’remise en cause de la qualité de l’information’’, ‘’l’ingrédient le plus important’’ de ce type de régime politique, affirme le ministre porte-parole du gouvernement, Abdou Karim Fofana.
‘’C’est l’information qui détermine et permet de choisir la voie politique, de faire des choix économiques et c’est la qualité de l’information qui permet au citoyen de se déterminer sur les sujets d’intérêt national’’, a-t-il déclaré mardi, dans un entretien avec l’Agence de Presse sénégalaise (APS).
‘’Si on se permet de ne plus garantir cette qualité d’information, nous mettons en péril la qualité de notre démocratie’’, a estimé M. Fofana, en répondant à une interpellation sur la réincarcération, mardi 20 décembre, du directeur de publication du site d’information ‘’Dakar Matin’’, Pape Alé Niang.
Abdou Karim Fofana estime qu’’’au-delà de la personne de Pape Alé Niang, du porte-parole du gouvernement, du général ou du commissaire de police, le plus important c’est la survie de notre démocratie qui est en train de subir des agressions très fortes’’.
‘’Je souhaite qu’il rentre chez lui, que rien ne lui arrive (…)’’, a poursuivi M. Fofana. Il souhaite cependant que la CAP, coordination des associations de presse, et le CORED, Conseil pour le respect des règles d’éthique et de déontologie, tout en critiquant ‘’la position du gouvernement, la justice sur cette question’’, puissent aussi en faire autant pour ‘’la pratique journalistique’’.
‘’Je veux qu’on respecte notre démocratie, parce que la démocratie, c’est traiter l’information comme il faut (…), on n’a pas besoin de prendre des raccourcis de cette nature’’, a-t-il estimé.
‘’Même si la situation est difficile, il faut dire la vérité parce que même les gouvernants n’ont pas de privilèges, un député qui commet une infraction, un flagrant délit dans l’hémicycle est traduit devant la justice, jugé et condamné ; un médecin qui commet une faute dans l’exercice de ses fonctions, n’a pas de faveurs, il est condamné et il purge sa peine’’, a-t-il rappelé.
‘’J’estime que la grosse erreur que nous faisons, c’est de prendre ces questions de façon émotive et émotionnelle, parce que moi-même je souhaite que Pape Alé Niang rentre chez lui, rejoigne sa famille, mais je souhaite également qu’il ne commette plus d’infraction’, a-t-il ajouté.
Pour le ministre, autant les associations de presse ont le droit de revendiquer sa libération, autant elles doivent œuvrer aussi à faire en sorte que les journalistes travaillent ‘’sans accuser sans preuves et sans diffamer’’.
‘’Je ne suis pas contre le journalisme d’opinion. Il existe dans les plus grandes démocraties, aux Etats-Unis où entre le Washington Post et le New York Times, chacun a son penchant politique, de même qu’en France entre le Figaro et le Monde’’, a-t-il dit.
Selon lui, s’il est impossible d’’’interdire à quelqu’un d’avoir un penchant politique’’, il n’en demeure pas moins que ‘’la liberté du journaliste est aussi sacrée que la respectabilité et le droit des autres à ne pas être diffamés ou accusés à tort’’.
Pape Alé Niang, arrêté une première fois le 6 novembre pour ‘’diffusion de documents militaires de nature à nuire la défense nationale’’, avait bénéficié d’une liberté provisoire le 18 décembre.
Il a été réincarcéré le 20 décembre pour n’avoir pas respecté les termes de son contrôle judiciaire. Cette nouvelle arrestation est liée à un live avec un activiste sénégalais vivant à l’étranger et durant lequel il a tenu des propos visant le directeur général de la Police nationale.